Entretien Delphine Conus Bilat

Qu’est-ce que ça vous a apporté comme avantage ?

Nous devenons des partenaires intéressants dès lors que nous répondons à un besoin. Notre offre, si elle n’a pas le potentiel d’atteindre un très grand nombre de classes – ce qui serait logistiquement difficile – a par contre celui de laisser une empreinte forte : en une semaine d’immersion et de travail dans la nature, les participantes et participants apprennent énormément sur leur environnement, sur les autres et sur eux-mêmes. Ils recréent un lien avec ce qui les entoure, tout en expérimentant la coopération, l’entraide, la persévérance. Nous cherchons à utiliser ce potentiel pour sensibiliser à d’autres enjeux majeurs et la forêt est un milieu idéal pour cela.

Avant la crise sanitaire actuelle, les mouvements en faveur du climat ont montré qu’il y avait un intérêt de la part de nombreux jeunes à s’impliquer dans des projets qui ont un sens et qui contribuent à un futur plus durable. Cette recherche de sens se fait aussi sentir au niveau du corps enseignant. Ainsi nous avons orienté certaines de nos semaines de manière spécifique: semaine « climat », semaine « échanges », où des mineurs migrants et une classe bernoise ont partagé l’expérience du travail en forêt. Ces projets ont eu une belle résonnance !

Quelle a été la difficulté principale ?

Chercher à amener des changements dans la société est un défi. Même si l’un des aspects centraux de notre vision se base sur le transfert d’expérience dans la vie quotidienne, notre ambition ne doit pas être démesurée. Elle doit être celle d’amener des impulsions, des questionnements, de recréer du lien. Nous devons chercher à équilibrer l’acquisition de connaissances, le développement de compétences individuelles et sociales, la sensibilisation aux bienfaits du mouvement et d’une alimentation saine, avec la réalisation des travaux pour lesquels nous sommes mandatés, comme abattre tels arbres, en planter tant d’autres, reconstruire telle portion d’un mur en pierres sèches ou d’un sentier pédestre. Une semaine, c’est à la fois beaucoup de temps, et très peu…

Malgré tout, le plus difficile reste de mesurer notre impact. Les témoignages écrits et oraux que nous recueillons auprès des jeunes, de nos mandataires, des enseignantes et enseignants, de même que le fait que les classes reviennent, années après années, constituent actuellement la meilleure preuve que notre action est reconnue et qu’elle a du sens.

Quel conseil donneriez-vous à une autre organisation qui souhaiterait s’orienter vers les effets et l’évaluation des impacts ?

Peut-être de s’appuyer sur les expériences d’autres prestataires dans le domaine et de profiter des réseaux existants, qui offrent des espaces de discussions et de réflexions sur ces thématiques. Personnellement, c’est lors d’une journée d’échange de SILVIVA en 2019 et d’un atelier collaboratif de la Conférence suisse de l’EE en 2020, que j’ai réalisé l’importance de continuellement adapter nos pratiques et que j’ai pris connaissance des instruments et modèles existants. Il nous manque pourtant aujourd’hui un outil concret, spécifique à notre type de prestation, pour observer et mesurer nos effets.

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